Emodour

Descriptif du projet Emodour

Emodour : Contagion émotionnelle de l’humain au cheval via les odeurs : les chevaux peuvent-ils ressentir nos émotions et en être impactés?

Notre projet « Emodour : Contagion émotionnelle de l’humain au cheval via les odeurs » est mené par Léa Lansade, chercheuse INRAE/IFCE à l’unité de recherche de physiologie de la reproduction et des comportements

(https://www6.val-de-loire.inrae.fr/physiologie_reproduction_comportements/),

 et financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR AAPG2023, CES 20 : Biology of animals, photosynthetic organisms and microorganisms).

Le but de cette expérience est de déterminer si les chevaux sont sensibles aux odeurs corporelles humaines sécrétées lorsque des émotions sont ressenties. Pour ce faire, nous souhaitons récolter des odeurs humaines émises lors de ressentis particuliers (joie, peur, tristesse, dégoût) afin de les soumettre à des chevaux et tester leurs réactions. Nous recherchons donc des participants qui acceptent de regarder des vidéos susceptibles de leur faire éprouver ces émotions particulières et de capter leurs émissions olfactives sur des compresses et tee-shirts (fournis).

Les trois objectifs du projet sont décrits ci-dessous pour une meilleure compréhension de ses finalités.

Le premier objectif sera de déterminer si les deux espèces -chevaux et moutons - peuvent différencier les odeurs corporelles humaines induites par des états émotionnels et si ces odeurs peuvent à elles seules induire des réponses émotionnelles chez le récepteur.

En effet, nous émettons l’hypothèse que les odeurs émotionnelles humaines peuvent

1/ être discriminées par les animaux, et

2/ induire des réponses physiologiques et comportementales chez eux.

Tout d'abord, nous nous concentrerons sur les odeurs de peur humaine (des recherches antérieures indiquent que les deux espèces – chevaux et moutons - peuvent les discriminer).

Larrigaldie, I. et al. Do sheep differentiate emotional cues conveyed in human body odour? (submitted)

 Jardat, P. et al. Horses discriminate human body odors between fear and joy contexts in a habituation-discrimination
protocol. Sci Rep 13, 3285, doi:10.1038/s41598-023-30119-8 (2023).

Nous étendrons ensuite nos recherches aux odeurs corporelles liées à d'autres états émotionnels humains (joie, dégoût et tristesse), qui libéreraient des signaux induisant des réponses physiologiques et comportementales chez les récepteurs animaux.

Le deuxième objectif sera de déterminer si les humains sont également capables de percevoir et de différencier les odeurs émotionnelles produites par les animaux. Une étude sur les odeurs de cheval (sueur) produites dans des conditions de peur suggère que ce serait le cas.

Notre étude se concentrera d'abord sur les odeurs de peur émises par les chevaux et les moutons puis s’étendra à d'autres états émotionnels, en particulier à des situations supposées "positives" (comme après une séance de toilettage).

Nous faisons l'hypothèse que

1/ la sueur des deux espèces contient des indices émotionnels, comme cela a déjà été rapporté chez l'humain

2/ l'humain est capable de discriminer les odeurs d'animaux de ferme dans différents contextes émotionnels

3/ Ces odeurs animales modulent implicitement la perception humaine des stimuli émotionnels d'une manière conforme à l'émotion, de la même manière que le font les odeurs corporelles humaines.

Tous ces travaux (objectifs 1 et 2) tiendront compte de la proximité relationnelle entre les animaux et les humains.

Le troisième objectif sera d'analyser les corrélats chimiques des odeurs émotionnelles chez les espèces étudiées (humains, chevaux et moutons) afin d'évaluer les différences chimiques entre les odeurs induites par différents états émotionnels. Cette analyse chimique des échantillons de sueur se fera sur d’autres substrats que ceux collectés dans la procédure décrite ici.

Nous commencerons par les odeurs libérées dans des conditions de peur, un état émotionnel commun aux trois espèces. Nous étendrons ensuite l'approche à d'autres états émotionnels.

Les odeurs corporelles humaines et animales sont des mélanges de nombreux composés organiques volatils (COV), il est donc peu probable que la spécificité émotionnelle des odeurs corporelles dépende d'une seule molécule.

Comme nous l'avons déjà suggéré, nous émettons l'hypothèse qu'un mélange chimique est partagé entre les individus et diffère en quantités relatives. Une autre hypothèse plausible est que les odeurs émotionnelles (du moins celles produites dans un état de peur) partagent des propriétés chimiques communes entre les espèces. Cela expliquerait leur capacité mutuelle à les différencier ou même à y répondre émotionnellement. Ces propriétés pourraient être apparues très tôt dans l'évolution, expliquant ainsi la capacité de ces espèces à reconnaître certaines de leurs émotions de façon interspécifique.

Une hypothèse convergente est parfois avancée dans le domaine acoustique : les cris d'alarme peuvent partager des caractéristiques communes entre les espèces, ce qui peut leur conférer l'avantage de s'alerter mutuellement d'un danger.

Contact

emodour[at]inrae.fr